Posté le 17 août 2023 par La Rédaction

Il tardait à Marina-Pia Vitali de formaliser cette arrivée ! Mi-août, Delphine Barré prenait la direction du musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua, apportant avec elle son expérience comme doctorante en histoire contemporaine et coordinatrice pédagogique au Mémorial de la Shoah, à Paris. Liée notamment par une histoire familiale à cette période, Delphine lui a porté un intérêt particulier. Au point d’en faire un sujet d’études dont elle n’a jamais dévié, validant tour à tour licence – avec une spécialisation sur la Seconde Guerre mondiale -, master et thèse d’histoire. Elle a consacré son travail de recherche aux femmes juives en France sous l’Occupation, alternant rencontre des témoins et exploration des archives, avec l’objectif de mieux comprendre le contexte d’alors et d’en offrir à son tour une lecture plus lisible. Un parcours comme gage d’une juste appréhension des contenus du musée. « Il s’appelle Musée de la Résistance et de la Déportation, parce qu’ayant été conçu par les Résistants eux-mêmes, mais il développe plus un pan que l’autre, expose la directrice des sites culturels au Département. Aussi faudrait-il équilibrer en abordant davantage ce thème de la Déportation. » Une première piste pour la nouvelle responsable qui, au lendemain de sa première visite sur site, saluait le parallèle constant entre contexte national, sinon international, et réalité locale. « C’est un va-et-vient assez rare en musée, qui permet de mesurer l’effet direct des décisions centralisées jusque sur un territoire. » Si, bien sûr, les expositions du musée ne présentent qu’une petite part du total des collections, elles donnent – grâce aux dons, acquisitions et échanges avec d’autres structures – à voir un fonds documentaire et matériel conséquent. Delphine d’en apprécier la richesse, avec déjà en tête mille façons de le valoriser. « Il y a tant de points d’entrée sur le sujet qu’il est impossible d’en faire le tour… » Le musée tâchera d’adjoindre à ses ressources celles d’acteurs culturels et lieux de mémoire locaux – la Maison d’Izieu – ou plus lointains – lieux de mémoire en France ou en Suisse – pour enrichir, ponctuellement ou plus durablement, l’offre faite aux visiteurs.

Du rôle d’un musée

« Le musée de Nantua est à la fois mémorial et lieu d’histoire. Sa vocation est aussi d’inscrire la Résistance dans le contemporain. » Autrement dit, tirer du passé des leçons pour l’avenir. « Ça ne s’arrête pas là… insiste Marina-Pia. Il ne s’agit pas seulement de dire plus jamais ! L’objectif est d’amener le visiteur à se poser des questions. » D’apporter de la nuance, aussi. « Bien sûr aujourd’hui, tout le monde pourrait penser qu’à l’époque il aurait été Résistant, explique Delphine. Ce n’est pas si simple. Quid de la collaboration ? Avait-on vraiment d’autre choix que celui de survivre ? » Le musée comme aide au développement de la citoyenneté s’adresse tant aux grands qu’aux petits, donnant aux spécialistes ce qu’il faut de détails et références historiques et aux plus jeunes une idée des valeurs et grands défis pendant la guerre. Plusieurs niveaux de lecture, donc, aidant tant à déconstruire les idées préconçues qu’à démocratiser la culture… « On la rend « populaire », sans perdre en qualité de contenu. Même si la base est historique, il peut y avoir aussi des sujets plus sociologiques. La période dit beaucoup des hommes et des femmes. » Après un premier temps d’imprégnation, Delphine pourra, en lien avec son équipe et la direction des musées, composer la programmation. « Il y a énormément de choses à faire. » Et autant à découvrir. Alors venez…

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Marina-Pia Vitali, directrice du patrimoine et des sites culturels du département de l’Ain et Delphine Barré, nouvelle responsable du musée de Nantua.

Musée de la Résistance et de la Déportation
3, montée de l’Abbaye à Nantua
04 74 75 07 50
www.patrimoines.ain.fr