Posté le 1 juillet 2021 par La Rédaction

Le sujet de la BD est aussi étonnant que sa genèse.

les fantomes de sevilles

Un jour, Jérôme Jouvray reçoit un appel de l’éditeur avec qui il collaborera pour cette « enquête ». Ce dernier lui indique que Didier Tronchet, un scénariste, lui a soufflé le nom du dessinateur de « six coups » pour un projet de BD autour du mondial 1982 et qu’il serait le bon dessinateur pour illustrer cette histoire car « il aimait le foot ».

C’est à quoi l’Oyonnaxien, désormais installé à Lyon, répond : « Non, pas plus que ça ! » L’éditeur retourne donc auprès de Didier Tronchet pour lui expliquer la situation et le scénariste lui lance : « Il t’a sûrement menti. » À l’heure de la sortie de ce roman graphique chez Glénat, Jérôme Jouvray préféré rire de cette situation comique : « Didier reste persuadé que j’aime le foot mais finalement, le fait d’avoir eu du recul sur ce thème m’a permis de mieux appréhender le récit que je devais mettre en image. »

Son 8 juillet 1982, Jérôme Jouvray dit ne pas s’en rappeler. « Je ne pourrai pas dire si j’étais à Oyonnax ou pas ! Je me souviens juste du match en tant qu’événement car on en avait beaucoup parlé dans les jours qui avaient suivis et je me suis rendu compte que cela restait un vrai traumatisme pour les supporters. »

Ce qui l’a séduit : le côté historique du projet et les conséquences de ce match sur les pratiques du football. « Les fantômes de Séville » était initialement prévu sous forme de BD-documentaire avec des vrais témoignages de joueurs de l’époque du Mondial de Séville 1982 ayant participé à ce fameux match entre la France et la République Fédérale d’Allemagne.
À la 58e minute de jeu, sur une ouverture lumineuse de Michel Platini, Patrick Battiston se présente seul face aux cages du gardien allemand Harald Schumacher. Celui-ci percute alors de sa hanche la tête de l’attaquant français en pleine course, le laissant inconscient sur le sol.
Une heure plus tard, l’équipe de France s’incline après une séance de tirs au but. Pour beaucoup, l’un des plus grands drames de l’histoire du football vient de s’écrire.

Près de 40 ans plus tard, Jérôme Jouvray et Didier Tronchet vont tenter de combler ces plaies avec leur récit « hybride », se composant d’informations et de passages fictifs. La centaine de pages qui composent la bande dessinée vise à étudier une théorie émise par Didier Tronchet. Selon lui, un « détail » aurait permis de changer l’histoire de ce match et ne pas précipiter la fin de la France des trente glorieuses dont la chute aurait débuté à la suite de ce match. Les auteurs ne sont pas présents physiquement dans les pages mais ont laissé leurs places à Didier et Fred, deux potes fans de foot à la limite de la névrose. Ils s’improvisent enquêteurs afin de vérifier la véracité de cette théorie et l’importance de ce détail.
Gage de sérieux de la théorie de Didier Tronchet : elle a été testée auprès de Battiston et de Michel Hidalgo, sélectionneur de l’époque, dans la fiction comme dans la construction de l’album. « Didier (Tronchet) a pu les rencontrer avant la réalisation du livre. Ce fut par hasard pour Battiston et il s’est rendu compte que ce qu’il lui avait fait dire dans l’album (celui-ci était apparemment ficelé avant cette entrevue) n’a pas chamboulé notre récit », confesse Jérôme Jouvray.

Le dessinateur n’a pas souhaité nous le révéler « ce détail » mais le qualifie comme étant « un truc de dingue ». Le lecteur aura donc tout le loisir de découvrir et d’apprécier ce récit original par son fond et son dessin. D’autant plus que depuis ce match de 1982, la France a pris sa revanche sur l’Allemagne grâce, notamment, à Antoine Griezmann, ce qui a (un peu) refermé les plaies du passé !

Vincent Malaguti

Le dessinateur de la série « Lincoln » publie une BD de semi-fiction, avec Didier Tronchet au scénario au sein de laquelle il illustre une théorie (loufoque) qui aurait pu changer l’histoire du football français et mondial.

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