Posté le 4 décembre 2022 par La Rédaction

C’est un club de rugby comme les autres. À la différence près qu’ici, on joue ligoté à son fauteuil… Les Dahus, créés en 2014 à l’initiative de Paul Perez, s’entraînent au rugby-fauteuil. Une discipline ouverte aux personnes handicapées comme aux valides. Le club compte une vingtaine de membres à ce jour – contre une soixantaine avant la pandémie. Parmi eux : Sandra Monod, passée présidente en septembre à la suite d’Éric Barrat. « J’ai connu le club par ma fille, elle-même joueuse. Je m’y suis mise à mon tour en janvier. » Une découverte qui va bien au-delà de la seule pratique sportive. « Il y a une vraie dimension sociale ! Que l’on soit porteur ou non d’un handicap, tout le monde se retrouve au même niveau une fois dans le fauteuil… » Un nivellement qui permet une juste intégration de tous, sans discrimination. « Ce qui est dur, pour nous valides, c’est de manier le fauteuil. On doit à la fois rouler droit, rouler vite, gérer les esquives et le ballon. Tout ça, en ayant le bassin, les pieds et genoux ligotés ! » Car le rugby-fauteuil reste le rugby. Un sport de contact donc, avec chutes et bousculades. « Évidemment, avant les matchs, chacun fait état de ses douleurs. On joue en prenant garde à ne pas blesser ses coéquipiers. » Avec une sollicitation inhabituelle des bras et des épaules, la manœuvre est loin d’être évidente. Mais « ce n’est rien face au courage des handis ! » plaide la présidente, convaincue des bienfaits d’un sport mixte, inclusif et intergénérationnel. « Chacun a sa place.«  Ceci, quel que soit l’âge, le sexe ou la pathologie. « C’est aussi un moyen formidable de mieux appréhender les difficultés auxquelles les handis sont confrontés. » Notamment pour Sandra qui, au contact de personnes âgées dans son travail, « fait attention à des choses qui seraient passées inaperçues auparavant. On est plus attentifs, naturellement« . Mais pas moins joueurs pour autant !

Davut, Xavier, Sandra, Marie, Yannick, Sarah, Carlos.
Debout derrière, Déborah, en renfort ostéo.

Sur le terrain, les équipes réparties par petits groupes (5 au moins) disputent les matchs sur deux fois 20 minutes – au lieu des deux fois 40 en rugby traditionnel. « C’est déjà bien assez fatigant ! » Au lieu de plaquer l’adversaire, le joueur retire les tags scratchés sur ses épaules. « Le reste des règles classiques demeure : transformations, drops, passes en avant… » Le dépassement de soi, aussi. L’envie, chez les handis plus encore, de prouver sa valeur en tant que sportifs, pour gagner la reconnaissance de l’entourage et du public supporter. Ces dernières années, le club jouait en Élite 1. Mais le Covid a vu partir plusieurs joueurs. Désormais, les Dahus jouent en développement ; « le niveau juste au-dessus du loisir. » Le prochain tournoi aura lieu le 7 janvier à domicile, avec l’ensemble des équipes de poule du développement est – 5 au total. Le 5 mars, les Dahus se rendront à Valence avant d’à nouveau jouer à la maison le 8 avril. En renfort des joueurs officie Déborah, en école d’ostéo, pour soulager d’éventuels bobos pendant les matchs. À leurs côtés aussi, une trentaine de partenaires locaux (institutions et entreprises) qui, par leur soutien en nature (mise à disposition d’un minibus par le Département notamment) ou  financier, permettent le maintien des activités du club, son équipement « et les réparations coûteuses« , ses déplacements… « On en cherche toujours activement ! » invite Sandra, qui n’exclut d’ailleurs pas de recourir aux ventes de plats cette saison.

Sensibiliser et attirer

Les rangs sont clairsemés, depuis les dures années du virus… Mais l’équipe tient bon et se démène pour attirer de nouveaux joueurs. Chacun y va de ses arguments pour recruter : « Ça n’engage à rien de venir à un entraînement ! » Les lundis de 18 h à 20 h, et les mercredis et vendredis de 20 h à 22 h, au gymnase d’Arbent. Les Dahus se déplacent même pour diverses démonstrations et/ou initiations… « Dans ces cas-là on emmène tout sur place : tenues et matériel. » Pas moins de six jeunes sont entrés au club après avoir essayé le rugby-fauteuil au collège ! « Il faut avoir une dizaine d’années minimum. » En plus des établissements scolaires, l’équipe intervient auprès des personnes âgées pour prévenir les chutes. En entreprise aussi, pour parler cohésion. Une façon intelligente de rappeler que face à la difficulté – le manque de mobilité en l’espèce -, on est tous égaux.

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